Le voleur de Bicyclette - (1948)
Publié le 7 Avril 2012
Antonio Ricci est au chômage depuis deux ans quand on lui propose une place de colleur d’affiches. Mais il faut une bicyclette. Maria, sa femme, décide de porter tous leurs draps au Mont-de-Piété, afin de récupérer la bicyclette que Ricci avait déposée en gage . Mais dès son premier jour de travail, Ricci se fait voler sa bicyclette. Il dépose une plainte inutile à la police, puis décide, avec l’aide de son petit garçon, Bruno, de rechercher lui-même la bicyclette sur les marchés. …..
Dans cette Italie d’après guerre , l'activité économique reprenait lentement . On luttait contre la faim, dans l'attente d'un travail. Parmi eux, des hommes honnêtes supportaient le poids du chômage et de la misère avec dignité et endurance . C'est précisément à ces hommes et à leur drame quotidien que cette œuvre est dédiée .
Au lendemain de la guerre, les studios italiens se trouvant détruits, les réalisateurs décident de filmer des scènes dans leur décor naturel, dans les rues des grandes villes, dans les maisons. Ils s'aperçoivent très vite que les réalités de la vie quotidienne recèlent des thèmes de films vivants et variés.
De sa pauvreté matérielle, le cinéma italien fait sa richesse artistique. C’est dans ses conditions qu’est tourné « Le voleur de Bicyclette » , dans la Rome d'après-guerre, avec des acteurs non professionnels .
Ce film a été élu au rang de symbole, de référence, voire de chef-d'œuvre de ce cinéma italien, qui portera le nom de néo-réaliste italien .
On est dans un cinéma qui propose de regarder en face les problèmes d'une société déchirée par la guerre et ceux de l'homme qui, après tant de luttes et de souffrances, désire la paix et cherche à construire un monde meilleur.
On peut , hélas , transposer ce film à notre époque , y voir ce qu'est le « statut » d'un chômeur, ce qu'est une ville et de s'y perdre, de s'y diluer .
On verra aussi dans « Le voleur de bicyclette » , ce qu’est toute la détresse du prolétariat réduit à se voler ses instruments de travail .
Pour Vittorio De Sica , Ricci représente un être simple, honnête, qui aime la vie et a conscience de sa dignité, un individu qui ne demande qu'à travailler pour vivre et qui se voit frustré de cette possibilité par la cruauté même de l'existence. Dans le film, la bicyclette est le symbole d'une espérance perdue par la faute d'une société indifférente, injuste, qui écrase l'homme .
Dans le besoin, le chômeur doit lutter seul contre tous. La police ne l'aide guère, ses amis ne tardent pas à l'abandonner ; tous restent indifférents à son
malheur, captifs de leur égoïsme.
Le manque total de solidarité entre les individus constitue une dimension dramatique très bien exposée dans ce film. En effet, la souffrance de Ricci se heurte à
l'inconscience d'autrui. Il y a là une image poignante de la solitude de l'homme au milieu des siens. Ainsi, un être loyal en arrive-t-il à voler.
En nous contant cette histoire, Vittorio de Sica souligne que l'homme a besoin de la solidarité humaine et que la société pourrait s'améliorer si ses membres
étaient prêts à s'aider les uns les autres.
Une analyse qui est toujours trop d'actualité !
Le voleur de Bicyclette .
Titre original
: Ladri di biciclette.
Réalisation : Vittorio De Sica.
Avec : Lamberto Maggiorani , Enzo Staiola et
Lianella Carell .